Fragilisés par le premier confinement, les groupes Emmaüs ont de nouveau cessé leurs activités de ramassage, de production et de vente depuis le 30 octobre dernier. Mais la mission principale d’Emmaüs ne s’arrête jamais et Emmaüs maintient en toute circonstance l’hébergement, l’accompagnement et les maraudes pour venir en aide aux personnes les plus démunies.

Les 470 boutiques Emmaüs, comme de très nombreux commerces en France, n’ont plus le droit d’accueillir du public pendant toute la durée du confinement. Et à l’approche des fêtes de noël, le manque à gagner sera très important.

La conséquence ? Des difficultés financières pour les 210 groupes Emmaüs, dont l’activité de vente est toute entière dédiée à la mission sociale du mouvement créé par l’abbé Pierre en 1949.

L’accueil et l’accompagnement de 20 000 personnes reposent en effet sur la récupération de milliers de tonnes d’objets, de vêtements, d’électroménagers et leur revente dans les boutiques réparties dans toute la France. Pas de charité, pas d’assistance chez Emmaüs : tout le monde participe à la solidarité, tous aident à aider pour reprendre la célèbre formule du fondateur.

Cette indépendance financière a été mise à mal pour la première fois lors du confinement des mois de mars et avril. Les trésoreries des groupes n’ont pas pu faire face à cette fermeture générale et Emmaüs France, la fédération, a décidé de lancer un appel inédit à la générosité du public le 17 avril. Près de 65 000 personnes et plusieurs dizaines d’entreprises ont réagi tout de suite à ce cri d’urgence. Depuis le mois d’avril, Emmaüs France est déjà venu en aide à 61 groupes Emmaüs en leur reversant les sommes récoltées par cette collecte de dons. Grâce à ces donateurs, tous les groupes Emmaüs ont pu continuer à accueillir les plus démunis avec dignité et attendre le retour progressif des clients en boutiques à partir du 11 mai.

Depuis le 30 octobre, la crainte renaît parmi les 27 000 acteurs d’Emmaüs alors que la crise sociale s’aggrave de jour en jour et a déjà fait basculer des milliers de personnes dans la pauvreté.

Les communautés Emmaüs, les accueils de jour et les centres d’hébergement n’ont pas cessé leur accueil, même si le manque d’espace et de bénévoles est criant face à la multitude des personnes en détresse. Les impayés de loyer et les expulsions se multiplient, les demandes d’aide alimentaire affluent. De nombreuses personnes découvrent et s’appuient sur l’incroyable professionnalisme dont est capable le milieu associatif grâce aux salariés et aux bénévoles qui doivent ajuster protection individuelle face au virus et aide pour le collectif.

Heureusement, la difficulté n’entame ni l’inspiration ni le courage quand il s’agit de solidarité : ainsi, certains groupes, comme Emmaüs Pointe rouge à Marseille n’hésitent pas à organiser des collectes alimentaires plusieurs fois par semaine, d’autres préparent et distribuent des repas et des biens de premières nécessité, dans la lignée des dizaines de groupes qui s’étaient déjà lancés dans la confection de masques en tissu au printemps dernier.

Certains groupes Emmaüs se sont lancés dans le click and collecte, et tous préparent la réouverture à partir du 28 novembre.

Le manque à gagner de ce nouvel arrêt des ventes va encore se chiffrer en millions d’euros et la première collecte de printemps ne pourra suffire malgré la reprise des activités dans les prochains jours.